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un si grand service mais il entendit une voix qui disait : Une bonne action ne demeure point sans récompense, et en même temps il ne vit plus qu’un joli chien à ses pieds. Chéri, charmé de sa métamorphose, fit mille caresses à son gardien, qui le prit entre ses bras, et le porta au roi, auquel il raconta cette merveille. La reine voulut avoir le chien, et Chéri se fût trouvé heureux dans sa nouvelle condition, s’il eût pu oublier qu’il était homme et roi. La reine l’accablait de caresses : mais dans la peur qu’elle avait, qu’il ne devînt plus grand qu’il n’était, elle consulta ses médecins, qui lui dirent qu’il ne fallait le nourrir que de pain, et ne lui en donner qu’une certaine quantité. Le pauvre Chéri mourait de faim la moitié de la journée ; mais il fallait prendre patience.

Un jour, qu’on venait de lui donner son petit pain pour déjeuner, il lui prit fantaisie d’aller le manger dans le jardin du palais ; il le prit dans sa gueule, et marcha