Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/42

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Je ne rencontrai d’ailleurs chez les autres peuples d’Europe rien qui m’enchaînat au milieu d’eux : ils sont aussi vieux et encore plus corrompus que nous.

De retour en France, j’y retrouvai mes premiers ennuis. Que faire ? où aller ? — Revenir à la maison paternelle ? j’étais moins que jamais propre à en goûter le bonheur ; car les obstacles accumulés sur mes pas, au lieu de me désenchanter, n’avaient fait qu’irriter mes passions.

Me faudrait-il vivre éternellement dans une société où j’étais sûr de ne point trouver l’existence que j’avais rêvée !

Alors s’offrit à mon esprit l’idée de passer en Amérique. Je savais peu de choses de ce pays ; mais chaque jour j’entendais vanter la sagesse de ses institutions, son amour pour la liberté, les prodiges de son industrie, la grandeur de son avenir. C’était de l’Occident, disait-on, que désormais viendrait la lumière, et puis je pensais comme vous : « On trouve en Amérique deux choses qui ne se rencontrent point ailleurs : une société neuve, quoique civilisée, et une nature vierge… »

Je regardai ce projet nouveau comme une inspiration divine envoyée au secours de mon infortune.

Combien fut douce alors la lumière qui pénétra dans mon âme, et vint me découvrir un monde égal à mes plus beaux rêves !

Avec quel enthousiasme je me précipitai vers cette chance d’avenir ! je passai tout-à-coup de l’abattement à l’énergie, et sentis renaître en moi toutes les forces morales que donne le retour inattendu d’une espérance abandonnée.

Un mois après j’étais à Baltimore.



INTERIEUR D’UNE FAMILLE AMERICAINE.

Je choisis Baltimore de préférence aux autres villes d’Amérique, assuré que j’étais d’y trouver un ami, Daniel Nelson, auquel ma famille avait, dans une occasion importante rendu quelques services.