Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son se plaisait à parler de cette antique origine, et de ceux de ses aïeux dont le nom avait laissé d’honorables souvenirs parmi les Américains.

Cependant des idées d’ambition lui étant venues, il évita toutes les apparences du luxe et de la richesse, afin de se rendre populaire, et fut élu membre de la législature du Maryland ; il obtint d’ailleurs successivement tous les titres honorifiques auxquels peut aspirer un citoyen influent des États-Unis : membre de la société historique, président de la société biblique *, de la société de tempérance **, de la société de colonisation ***, inspecteur du pénitencier et de la maison de refuge ; il était, de plus, anti-maçon ****.

Il aspira longtemps à devenir membre du congrès, mais, ayant échoué dans les dernières élections, il abandonna subitement toutes ses prétentions politiques, et, se tournant vers un autre objet, il se fit recevoir ministre d’une église presbytérienne.

Lorsque j’arrivai chez Nelson, je le trouvai entouré de ses deux enfants, Georges et Marie.

Le premier, à l’âge de vingt ans, portait sur un front élevé l’empreinte d’un caractère noble et ferme ; son âme droite se peignait dans la franchise de son regard. Je me sentis d’abord attiré vers lui, et lui vers moi… bientôt une étroite amitié justifia nos sympathies.

Sa sœur, plus jeune que lui, me parut d’une éclatante beauté ; mais à l’époque de mon arrivée à Baltimore, je ne fis que l’apercevoir. Elle ne se montrait point dans le monde, où j’allais sans cesse ; et je la voyais à peine chez son père, dont j’évitais la société.

J’ai su plus tard apprécier Nelson et sa famille ; mais j’avoue que la rigidité de ses principes m’avait d’abord éloigné de lui : il gardait dans toute leur austérité les mœurs des puritains de la Nouvelle-Angleterre *****. Soir et matin, ses enfants et ses domestiques étant rassemblés, il leur faisait la prière en commun ; chaque repas était également précédé d’une invocation dans laquelle il demandait au Ciel de bénir les mets et les fruits servis sur la table.

Quand venait le dimanche ******, c’était tout un jour de recueillement et de piété. Le moindre amusement était interdit,