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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

rentrer chez son père, dont il avait cependant appris la délivrance, s’était rendu de bonne heure chez madame de Lauzun. La comtesse était sortie ; pour mademoiselle Fouquet, elle était en conférence avec une personne qu’on ne put parvenir à lui nommer. Ce mystère acheva de briser les forces de Henri, il se retira les larmes aux yeux, le désespoir dans le cœur. C’était sur ces entrefaites que le jeune enseigne venait d’entrer au cabaret de la Belle épée, et qu’il recueillait les paroles de Roquelaure. Pressé d’en finir avec le duc. il reprit :

— Je consentirai, monsieur, à désavouer mes expressions, si vous me donnez ce mouchoir.

— Qu’à cela ne tienne, dit le duc, mais je ne vois pas trop…

— Comment ! s’écria Henri, vous ne voyez pas qu’avec cette preuve, je puis remonter à la source du mensonge ! Oui, monsieur te duc, j’irai trouver le comte de Lauzun, je lui dirai… Mais où le trouver ? poursuivit Henri, me recevra-t-il ? ne m’écartera-t-il pas ? Cependant, monsieur le duc, il faut que je le voie, que je lui parle. Oh ! mon Dieu ! ne se trouvera-t-il donc ici personne qui veuille aider un misérable jeune homme pressé de démasquer un imposteur ou un lâche !

— Disposez de moi, jeune homme, dit à Henri Leclerc une voix assourdie par la haine et par la rage. Je suis le marquis d’Alluye, gouverneur d’Amboise.

— Diable ! dit Roquelaure à Henri, vous avez là un brave compagnon, mon jeune ami.

— Je m’offre à monsieur pour son second, dit Lavardin.

— Y songez-vous, messieurs ! le roi défend les duels, reprit Seignelay.

— Je suis là pour en dégoûter, ajouta Cavoie. La Bastille m’aurait encore sans mademoiselle de Coëtlogon…

— Messieurs, fit Roquelaure, ceci ne doit pas nous empêcher de jouer à la paume. Pour moi, j’ai assez de mes affaires sur les bras, je me démets volontiers du rôle de