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DES DÉLITS ET DES PEINES


    qui méritent la mort, tandis qu’on ne juge pas digne d’une peine capitale un faux témoignage qui menace la tête d’un accusé, ou un attentat sur la vie, fût-ce celle d’un père. L’amende et la prison sont la seule expiation qu’on exige de celui qui aura poignardé un homme de la manière la plus atroce, pourvu qu’après de longues douleurs, il reste au malheureux assez de vie pour traîner encore des jours infirmes et souffrans. On ne prononce pas de peine plus sévère contre l’incendiaire, s’il a le bail de la maison qu’il brûle ; cette maison, fût-elle d’ailleurs située au centre de la ville, et par conséquent, la vie de quelques centaines de citoyens exposée à périr dans les flammes. » (Mirabeau, Observations sur Bicêtre.)

    — « Un imposteur, qui se disait Constantin Ducas, suscita un grand soulèvement à Constantinople : il fut pris et condamné au fouet. Mais ayant accusé des personnes considérables, il fut condamné comme calomniateur, à être brûlé. Il est singulier qu’on eût ainsi proportionné les peines entre le crime de lèse-majesté et celui de calomnie. — Soixante-dix personnes conspirèrent contre l’empereur Basile : il les fit fustiger ; on leur brûla les cheveux et le poil. Un cerf l’ayant pris avec son bois par la ceinture, quelqu’un de sa suite tira son épée, coupa la ceinture, et le délivra : il lui fit couper la tête, parce qu’il avait, disait-il, tiré l’épée contre lui. Qui pourrait penser que, sous le même prince, on eût rendu ces deux jugemens ? — À la Chine, les voleurs cruels sont coupés en morceaux ; les autres non : cette différence fait qu’on y