Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/229

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
201
CHAPITRE XXX.

absolue de la personne et du travail du coupable, pour lui faire expier, par cette dépendance, le dommage qu’il a causé, et la violation du pacte social.

Mais si le vol est accompagné de violence, il est juste d’ajouter à la servitude les peines corporelles.

D’autres écrivains ont montré avant moi les inconvéniens graves qui résultent de l’usage d’appliquer les mêmes peines contre les vols commis avec violence, et contre ceux où le voleur n’a employé que l’adresse. On a fait voir combien il est absurde de mettre dans la même balance une certaine somme d’argent avec la vie d’un homme. Le vol avec violence et le vol d’adresse sont des délits absolument différens ; et la saine politique doit admettre, encore plus que les mathématiques, cet axiome certain, qu’entre deux objets hétérogènes il y a une distance infinie.

Ces choses ont été dites ; mais il est toujours utile de répéter des vérités qui n’ont presque jamais été mises en pratique. Les corps politiques conservent long-temps le mouvement qu’on leur a une fois donné ; mais il est lent et difficile de leur en imprimer un nouveau.