Page:Beccaria - Des délits et des peines, traduction CY, Brière, 1822.djvu/277

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Dans le premier cas, ce sera une république composée de vingt mille petites monarchies ; dans le second, tout respirera l’esprit de liberté ; il animera les citoyens, non-seulement dans les places publiques et dans les assemblées nationales, mais encore sous le toit domestique, où résident les principaux élémens de bonheur et de misère.

Si l’association est faite par familles, les lois et les coutumes, qui sont toujours le résultat des sentimens habituels des membres de la société politique, seront l’ouvrage des chefs de ces familles ; on verra bientôt l’esprit monarchique s’introduire peu à peu dans la république même, et ses effets ne trouveront d’obstacles que dans l’opposition des intérêts particuliers, parce que les sentimens naturels de liberté et d’égalité ne vivront déjà plus dans les cœurs.

L’esprit de famille est un esprit de détail borné par les moindres minuties ; au lieu que l’esprit public, attaché aux principes généraux, voit les faits d’un œil sûr, les range chacun dans leur classe, et sait en tirer des conséquences utiles au bien du plus grand nombre.

Dans les sociétés composées de familles, les