Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/17

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taire. L’inconnu étala devant le prince des raretés telles qu’il n’en avoit jamais vues, & dont il n’avoit pas même conçu la possibilité.

Rien, en effet, n’étoit plus extraordinaire que les marchandises de l’étranger. La plupart de ses bijoux étoient aussi bien travaillés que magnifiques. Ils avoient outre cela une vertu particulière, décrite sur un rouleau de parchemin attaché à chaque pièce. On voyoit des pantoufles qui aidoient aux pieds à marcher ; des couteaux qui coupoient sans le mouvement de la main ; des sabres qui portoient le coup au moindre geste : le tout étoit enrichi de pierres précieuses que personne ne connoissoit.

Parmi toutes ces curiosités se trouvoient des sabres, dont les lames jettoient un feu éblouissant. Le Calife voulut les avoir, & se promettoit de déchiffrer à loisir des caractères inconnus qu’on y avoit gravés. Sans demander au marchand quel en étoit le prix, il fit apporter devant lui tout l’or monnoyé du trésor, & lui dit de prendre ce qu’il voudroit. Celui-ci prit peu de chose, & en gardant un profond silence.

Vathek ne douta point que le silence de l’inconnu ne fût causé par le respect que lui inspiroit sa présence. Il le fit avancer avec bonté, & lui