Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/21

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& la respectoit, non-seulement comme une mère, mais encore comme une femme douée d’un génie supérieur. Elle étoit Grecque, & lui avoit fait adopter tous les systêmes & les sciences de ce peuple, en horreur parmi les bons Musulmans.

L’astrologie judiciaire étoit une de ces sciences, & Carathis la possédoit parfaitement. Son premier soin fut donc de faire ressouvenir son fils de ce que les étoiles lui avoient promis, & elle proposa de les consulter encore. Hélas ! lui dit le Calife, dès qu’il put parler, je suis un insensé, non d’avoir donné quarante mille coups de pied à mes gardes, qui se sont sottement laissé mourir ; mais parce que je n’ai pas réfléchi que cet homme extraordinaire étoit celui que les planètes m’avoient annoncé. Au lieu de le maltraiter, j’aurois dû essayer de le gagner par la douceur & les caresses. Le passé ne peut se rappeller, répondit Carathis ; il faut songer à l’avenir. Peut-être verrez-vous encore celui que vous regrettez ; peut-être ces écritures qui sont sur les lames des sabres, vous en apprendront des nouvelles. Mangez & dormez, mon cher fils ; nous verrons demain ce qu’il y faudra faire.

Vathek suivit ce sage conseil, du mieux qu’il put. Le lendemain, il se leva dans une meilleure