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CONTE ARABE.

le penchant de la colline, & tenoit la tête parfumée de Gulchenrouz sur ses genoux. Mais l’arrivée imprévue du Calife, & l’éclat qui l’environnoit avoient déjà troublé son ame ardente. Entraînée par sa vanité, elle n’avoit pu s’empêcher de se faire remarquer de ce prince. Elle avoit bien vu qu’il ramassoit les jasmins qu’elle lui avoit jettés, & son amour-propre en étoit flatté. Aussi, fut-elle toute troublée, lorsque Gulchenrouz s’avisa de lui demander ce qu’étoit devenu le bouquet qu’il lui avoit cueilli. Pour toute réponse, elle le baisa au front, & s’étant levée à la hâte, elle se promena à grands pas dans une agitation & une inquiétude qu’on ne sauroit décrire.

Cependant la nuit avançoit : l’or pur du soleil couchant avoit fait place à un rouge sanguin ; des couleurs comme celles d’une fournaise ardente, donnoient sur les joues enflammées de Nouronihar. Le pauvre petit Gulchenrouz s’en apperçut. Il tressailloit jusqu’au fond de son ame de ce que son aimable cousine étoit si agitée. Retirons-nous, lui dit-il d’une voix timide, il y a quelque chose de funeste dans les cieux. Ces tamarins tremblent plus qu’à l’ordinaire, & ce vent me glace le cœur. Allons, retirons-nous ; cette