Page:Becq de Fouquières - L’Art de la mise en scène, 1884.djvu/225

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former l’image du rôle qu’ils dessinent à l’image personnelle de tel ou tel artiste. Bien entendu il ne faudrait pas restreindre cette concordance entre un artiste et un groupe de rôles à de simples similitudes physiques. Sans doute le physique n’est pas sans importance, mais en tout cas il ne peut s’agir que du physique tel qu’il est modifié par les conditions scéniques, et vu à la lumière de la rampe, dans la perspective du décor. Il est des acteurs que la scène grandit, d’autres qu’elle rapetisse ; mais c’est surtout la physionomie que l’optique théâtrale modifie profondément, ce qui se conçoit aisément, puisque la lumière du jour et celle de la rampe avivent les mêmes traits en sens inverse. Mais cette concordance tient, en outre, à la prédisposition nerveuse qui est la source de la sensibilité, à l’inclination morale, à la qualité et au timbre de la voix, à l’expression du regard et à la plasticité générale. Dans la mise en scène, la distribution des rôles est donc d’une importance capitale. Une faute dans cette distribution est en tout point semblable à celle que commettrait un musicien qui se tromperait sur le caractère physiologique des instruments et ferait exprimer par les hautbois ce qui ne peut l’être que par les trompettes, ou voudrait forcer les clarinettes à nous faire éprouver les mêmes sentiments que les violoncelles.

C’est cette même concordance entre la personnalité scénique d’un acteur et les rôles du répertoire qu’il est si important de découvrir quand il s’agit d’un début. On se trompe souvent, soit que l’acteur ne donne pas