Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/259

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mort de mon pauvre père, ce malheur nous sépara brusquement, sans détacher ma pensée de la sienne. Je l’aimais trop pour l’oublier. Je le revis. J’étais triste et affligée, il se montra sensible et doux ; je cherchais autour de moi une amitié consolante, quelle autre que la sienne aurait pu me charmer davantage ? il me disait qu’il était touché de ma constance, et moi je lui savais gré de sa soumission et de son respect. Etait-ce un rôle qu’il s’était donné ou bien sa nature repritbile le dessus ? Mais il voulut un jour quitter la réserve qu’il m’avait promise et je le menaçai de ne plus le voir. Alors, cet homme, qui la veille encore s’asseyait à mes pieds comme un enfant, fou de colère plus que d’amour, demanda à sa volonté ce qu’il ne pouvait obtenir de la mienne. Il répondit à mes reproches par des injures, à mes pleurs par des quolibets. Je cherchais une arme pour le frapper. Lutte ignominieuse dont le souvenir obsède et salit toutes mes pensées, tous mes instants. Morte, il aurait déshonoré mon cadavre.

LE BARON

Calmez-vous !., calmez-vous !


HÉLÈNE

Vous savez maintenant pourquoi je ne veux pas me marier.

LE BARON

Voici quelqu’un ! Prenez garde.