Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/267

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sauvage comme je le suis, l’envie pourrait bien me prendre un jour de me retirer sur mes terres, et là, si je rencontrais une belle paysanne, naïve, grave et pieuse, je serais capable d’en faire une comtesse de Rivailles. Au-dessus de l’honneur des alliances, je mets, vous le voyez, l’honneur conjugal. Mais les rouées et les coquines font la plus grande joie de notre époque et j’ai vu tant de jeunes femmes égayer le mariage que je ne me fierais guère aux jeunes filles qui n’attendent même pas jusque-là pour s’émanciper. Dites à votre protégée que ses exigences me déroutent ; je suis tout disposé à satisfaire ses fantaisies, elle n’obtiendra rien de plus. Paris, monsieur le baron, est plein de jolies enfants comme elle, et leur signalement m’est bien connu ; famille équivoque, éducation excellente, toutes les envies de la terre avec un brin de moralité, elles tombent comme des martyres et se relèvent femmes entretenues.


Scène VIII

HELENE, LE BARON
HÉLÈNE

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pâle et agitée, elle marche précipitamment sur LE BARON.

Lâche ! lâche vil personnage dont la parole salit plus que la boue. Il raille les femmes qui l’ont aimé ! il insulte une enfant qu’il a séduite) ne pouvant l’entraîner dans le ruisseau, il l’éclaboussé ! Qu’est-il donc cet homme qui ne respecte pas les fautes dont il est le complice ? Qu’a-t-il fait pour jeter