Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/288

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vaux, pour oublier ce que je te dois. Qu’étais-je, avant de te connaître ? Un bohémien… presque un vagabond. Je faisais comme tant d’autres qui ne manquent pas d’énergie, mais de conduite. Je battais le pavé de Paris, mécontent, besogneux, rompu jusqu’aux os, et la stérilité de mes labeurs me jetait dans les consolations les plus grossières. Je te vis et je fus sauvé. Ta fierté réveilla la mienne, tu étais harmonieuse, je devins ordonné ; je m’élevai pour te conquérir, et l’idole de mes yeux fut la patronne de ma vie.

HÉLÈNE

Quelle femme apprendrait sans émotion qu’elle était aimée ainsi, dans un coin obscur, par un homme vaillant dont elle inspirait les travaux : association idéale de deux êtres, glorieuse pour l’un, fortifiante pour l’autre… et dont les bienfaits ne mériteraient votre indulgence si j’avais été coupable envers vous.

.

MICHEL

, SOURIANT.

Coupable !

HÉLÈNE

N’insistez pas !

MICHEL

Confesse-toi.

HÉLÈNE

,

a part.

Je voudrais le pouvoir.


MICHEL

Je te devine et je t’attendais là. N