Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/330

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Il suffit de signaler ici les quelques cas où j’ai recouru, pour interpréter la lettre du manuscrit, à des procédés qui demandent une explication.

a) Le scribe écrit très souvent au’ra, au’rill, liu’re, receu’rez, muu’ra, etc. Je crois légitime de transcrire avra, avrill, etc., et non pas avera, averill, etc. : car jamais on ne rencontre dans le manuscrit auera, auerill, etc., tandis que, par treize fois, aux vers 290, 423, 473, 840, 924, 948, 1044, 1076, 1303, 1405, 1742, 2140, 2904, le scribe a écrit aurai, aurat, etc.

b) Le copiste élide presque toujours, devant un mot commençant par une voyelle, l’e de la préposition de et du pronom te. Il y a quatre exceptions (de ocire 149, de acer 2089, de hume 3713, te amerai 3598) : j’ai pris le parti de les écarter.

Persuadé que le poète (comme presque tous les poètes du XIIe siècle) se réservait la liberté d’élider ou de ne pas élider l’ e de la conjonction se et que les copistes du moyen âge écrivaient indifféremment, en cas d’élision, saltre ou se altre, car ils savaient que leurs lecteurs ne s’y tromperaient pas, j’ai par trois fois, pour la commodité du lecteur moderne, aux vers 1867, 2136, 3834, fait l’élision, contrairement au manuscrit, qui donne se altre, se or, se il.

De même, et pour les mêmes raisons, j’ai 20 fois élidé l’ e de que, contrairement à la lettre du manuscrit : c’est aux vers 197, 303, 310, 406, 837, 1476, 1505, 1535, 1848, 2230, 2287, 2407, 2439, 2667, 2689, 2949, 3519, 3689, 3752, 3909.

c) Le nom du héros est le plus souvent écrit en abrégé : R. une seule fois (au v. 2118), Roll’ 171 fois. Mais aux quatorze lieux (v. 175, 392, 557, 902, 914, 923, 935, 947, 1073, 1106, 1413, 1773, 1883, 2152) où il est écrit en toutes lettres, on lit Rollant, jamais Rollanz, bien que huit fois sur les quatorze il soit employé comme sujet. Je me suis résolu à l’écrire partout sous la forme Rollant.

Par ailleurs, chaque fois que j’ai cru devoir modifier en quelque chose la lettre du manuscrit, c’est que je