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Auteurs féminins

Par nos champs et nos rives a aussi enthousiasmé Mlle Marie Beaupré et Yolande, la rédactrice de la Bonne Fermière et l’épouse du poète Alphonse Désilets.

« Parce que ce simple oiseau des grèves en son plumage natif ne fait aucune tambourinade pour attirer notre attention, nous dit la première dans la Bonne Parole, avril 1917 ; parce qu’il nous laisse admirer à notre aise le décor où il s’ébat, la mer mouvante, le sable fin qui garde une empreinte de pas d’enfant, l’humide forêt bruyante, et les collines labourées encerclant l’horizon ; parce qu’il jouit comme nous et ne nous distrait point de jouir de la tonique haleine saline du grand large, on oublie que sa robe soyeuse est d’une seule teinte, son chant très pur un peu court, son vol gracieux sans long essor. On oublie, que dis-je ? on en est ravi ; ravi jusqu’à craindre pour le bel oiseau des grèves les admirations imprudentes qui lui conseilleront tôt ou tard de s’orner d’un plumage d’emprunt. »

Et Yolande de la comparer à Elisa Marcœur de Bretagne.

Seule l’auteur de Par nos champs et nos rives n’en paraît pas satisfaite :

Pour chanter ta beauté, si puissante et si fière
Je rêvais de t’écrire un poème immortel,
Toi qui règnes en moi, comme sur un autel,
Ô bonne terre, Ô mère !

Mais ce poème heureux n’était qu’une chimère,
Car il est des amours trop beaux pour les nommer,
Et mon amour pour toi demeure inexprimé
Ô bonne terre, Ô mère !