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ORPHA.

<poem class="verse"> Et, sans nommer Booz au tombeau descendu, Montre qu’Obed vivant ils n’ont pas tout perdu ; Enfin, il suit Orpha dans sa longue aventure, Peint l’amour d’une sœur, épreuve toujours sûre, Et, soutenu, de loin par un sourire ami, Prophétise un hymen que verra Noémi.


A. M. S. M.

Vous demandiez, un jour, ce qu’était devenue Orpha, la sœur de Ruth ; question ingénue Qui me laissa rêveur, et, du livre inspiré, M’a fait chercher longtemps un feuillet déchiré. Au texte invariable il n’est point de lacune. Infertiles drageons de la souche commune, Talmud, Védas, Coran, arbres aux mille voix, Pleins du rhythme sacré le prolongent parfois ; Mais, si haut que l’esprit agite leurs ramures, Ils se taisent d’Orpha dans leurs vagues murmures. Un espoir me restait : sous l’arbre trois fois saint, D’oiseaux de tous pays tourbillonne un essaim, Rhapsodes vagabonds instruit de bien des choses Où le savoir humain ne voit que lettres closes ; Or, l’un d’eux est venu sous ma fenêtre un soir, Et m’a conté d’Orpha ce qu’il a pu savoir. Ne repoussez donc pas cette humble paraphrase D’un récit écouté dans une heure d’extase ; Quant au prophète ailé de qui je l’ai traduit, Hôte mystérieux attendu chaque nuit, Harmonieux Ibis, plaintive colombelle, Alcyon ou Phénix, il vient sans qu’on l’appelle, Et sur le flot grondant ou le jasmin en fleur, Soupire un chant mêlé de joie et de douleur. Lui seul, vous le savez, me soutient dans ma route, Et je l’entends parfois lorsque je vous écoute.

Marquis de BELLOY.



Paris. — Imprimerie de Pillet fils aîné, rue des Grands-Augustins, 5.