Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/52

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du Daulphĩ & que telles navires estoiẽt les Daulphĩs des Romaĩs. Semblablement le Daulphin ha donné nom a une herbe qui anciennement estoit nommee Delphinion : car les fueilles d’icelle herbe luy ressembloiẽt : semblablement il ha aussi donné nom a une masse moult pesante, qui estoit de fer ou de plomb, faicte a la similitude d’un Daulphin, a la quelle les François ont mué le nom car telle masse est maintenant nommee un Saulmon. Si nous croions a l’interprete d’Aristophanes c’estoit une grosse masse de plomb ou de fer, aiant figure de Daulphin qu’on pendoit a l’antẽne du navire, quand l’on livroit la bataille sur mer, laquelle masse on laissoit tomber dedens la navire des ennemis, pour le faire aller en fõd. Et telle maniere de navire Thucydide nõmoit Delphinophorõ, c’est a dire navire portant Daulphĩ. Sẽblablemẽt il ha donné le nõ a la region qui maintenãt est nommee Daulphiné. Aucuns ont eu quelque apparence de raison, d’avoir nõmé le Daulphin du nom de Pompilus, car il accompaigne voluntiers les navires, comme faict le Daulphin. Toutesfois Aristote descrivant, Pompilus separement du Daulphin, monstre bien que le Daulphin ne le Marsouin ne soient pas Pompilus duquel ie ne vueil point parler d’avantage, car il me suffit d’avoir touché ce poinct, pour faire entendre que Pompilus soit un autre poisson que le Daulphin.

XL.

Description des exterieures parties du Daulphin.

APres que i’ay long tẽps pourchassé toute l’histoire de ce qui se doibt dire du Daulphĩ, il ma sẽblé estre tẽps de retourner prẽdre mon principal propos ia commencé, & prendre les susdictes especes de Marsuins chascun a part soy, a fin de tellement les specifier qu’elles soient entendues. I’ay dict que celuy qui est le plus communement apporté de la mer, & qui n’ha pas le nez long, estoit celuy que ie vueil entendre par le nom de Marsouin : & que celuy qui ha le nez long, appellé des Françoys un Oye, soit le Daulphin, duquel ie vueil premierement donner la descriptiõ, tant du masle que de la femelle, a fin que chasque note exterieure soit diligemment examinee, prenant les parties de son corps a part en les considerant diligemment. Et cõmençant par la grosseur,