Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
voyages en égypte,


chers et une plaine de sable et de pierres, nous arrivâmes à un roc nommé Apsir, le plus haut des environs de la cataracte. On jouit de là d’une vue complète de la chute du fleuve. Ce coup-d’œil est enchanteur. Les regards embrassent des milliers d’îlots de diverse forme et grandeur, dont le lit du Nil est parsemé, et entre lesquels les courans passent avec rapidité et en pente, tandis que des contre-courans filent souvent le long des premiers avec la même rapidité. Les roches noires de cet archipel, la verdure des îles cultivées, et la blancheur de l’écume des flots se mêlent, dans ce tableau, de la manière la plus pittoresque.

Au-delà de la cataracte, du côté du midi, l’œil découvre quatre îles ; ce sont celles de Nuba, Gamnarty, Ducully et Suckeyr : elles ont au nord deux autres îles, Dorgé et Tabai. Elles sont occupées par une race d’hommes qui vit encore dans l’état primitif des habitans de la terre. Personne ne va les voir ; et eux, ils ne sortent jamais de leurs îles ; ils sont, au reste, en très-petit nombre, quelques îles n’ayant que cinq ou six habitans ; ils vivent de la récolte qu’ils font sur les portions de terre que présente cet archipel. Pour les fertiliser ils sont obligés de les arroser constamment. Ils se servent, à cet effet,