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en nubie, etc.


car la peste est un fléau si terrible, et la crainte de ce mal agit si puissamment sur les préjugés des indigènes, que si, pendant l’épidémie, un homme tombe malade, on ne doute pas qu’il ne soit atteint de la peste ; s’il meurt, on est persuadé qu’il a succombé à ce mal, et on se dispense de faire aucune recherche sur les causes de sa mort. Aussi, quoique notre indisposition ne fût que l’effet du changement de climat, les gens de l’Occale s’ils nous avaient su malades, et surtout s’ils avaient vu nos vomissemens, en auraient conclu que nous avions été atteints de la peste, en traversant la ville, et la terreur les aurait saisis comme si l’ennemi eût été dans leurs murs.

L'Occale est un enclos de forme carrée, renfermant plusieurs maisons. On n’y entre que par une grande porte qui conduit à un escalier commun, au-dessus duquel règne une galerie qui conduit à toutes les maisons. Dans les temps de peste, les habitans ne peuvent communiquer entre eux qu’en évitant de se toucher ; toutes les provisions qui entrent passent d’abord par l’eau, et on ne manie point le pain tant qu’il est encore chaud. La peste se propage si facilement qu’un chiffon de toile infectée, que le vent emporte, suffit pour ré-