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en nubie, etc.


géré au bey que le cheik nous était dévoué, et qui avaient fait suivre leurs insinuations de quelques petits présens. Je ne manquai pas d’intercéder pour le malheureux délinquant ; mais ce fut sans succès, et j’étais persuadé que plus je témoignerais d’intérêt pour lui, plus on le frapperait. L’interprète, sans trop réfléchir à la démarche qu’il faisait, osa intercéder au nom de M. Salt, consul d’Angleterre ; le bey s’en moqua. L’interprète invoqua ensuite le nom du pacha, beau-père du bey. Celui-ci répondit qu’il était seul maître ici. En même temps il s’adressa à l’homme qui frappait le cheik, en s’écriant : « Allez, allez, ferme ! »

À force de coups le malheureux avait perdu connaissance, et il n’aurait pas fallu beaucoup pour le faire expirer sous le bâton. Je laisse à penser à tout ami de l’humanité quelle dut être mon indignation contre le despote qui se vengeait avec autant de lâcheté. J’aurais laissé éclater mon ressentiment, si je n’avais réfléchi que manquer d’égard au bey serait m’exposer en pure perte à des insultes de la part d’un homme brutal qui semblait me provoquer exprès pour avoir de quoi justifier sa conduite. Obligé de restreindre mes mouvemens d’impatience et d’indignation, je restai immobile pendant quelque