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voyages en égypte,


le bateau s’élança majestueusement sur la cataracte avec une rapidité qui lui aurait fait parcourir douze milles en une heure. Après avoir traversé une cinquantaine de toises, il rencontra un remous produit par un rocher qui se trouvait dans la direction du bateau. Ce contre-courant ralentit heureusement la rapidité de sa course, et facilita aux ouvriers sur les bords du fleuve le moyen de le détourner de ce rocher ; il continua ensuite de descendre, mais en diminuant de vitesse, et il arriva sain et sauf au bas de la cataracte. On peut s’imaginer facilement ma joie ; les ouvriers même exprimèrent leur plaisir au sujet du succès de l’entreprise, et cette fois leur intérêt n’était pour rien dans leur satisfaction ; circonstance vraiment rare chez ce peuple. Le rays du bateau accourut vers moi avec un air de ravissement.

Après avoir pris mes précautions pour descendre les cataractes inférieures, je m’embarquai, et nous continuâmes de suivre le courant. Il n’y eut que deux ou trois endroits un peu périlleux à traverser ; nous arrivâmes sans accident le même jour à Assouan ; nous n’avions pas pris le passage ordinaire des bateaux qui montent ou descendent cette partie de la cataracte ; il n’y aurait pas eu assez de profondeur pour un bateau aussi pesant que le nôtre.