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en nubie, etc.


des dattes. Nous envoyâmes un des chameliers à la recherche des habitans ; ce ne fut qu’après avoir cherché quelque temps qu’il trouva enfin un homme de l’aspect le plus misérable. Il nous l’amena ; mais le malheureux avait été saisi d’une telle frayeur à la vue inopinée des étrangers, que, malgré toutes les avances que nous lui finies, il ne put se rassurer. Au reste, il paraissait être bon, et le sort de ce solitaire me fit presque envie. Nous préparâmes notre mets ordinaire, l’ascid, que nous mangeâmes avec le lait du paysan, et celui-ci partagea notre repas ; nous lui donnâmes du dourrah et de la farine, et quelques grains de café brûlés qu’il goûta avec délices. Après le dîner il partit, et bientôt après il revint avec un autre paysan dont l’extérieur était encore plus misérable que le sien. Ce compagnon de sa vie solitaire était un modèle de laideur, ayant le nez relevé, de longues dents, qui sortaient de la bouche, des lèvres d’une grosseur énorme, et des mêches de cheveux qui ressemblaient aux serpens de Méduse. Il paraissait en outre d’un caractère sournois, et tout ce que nous fîmes pour captiver sa bienveillance fut de la peine perdue. Les deux Arabes étaient loin de se ressembler, et je ne pouvais concevoir cette différence entre deux hommes, seuls habitans de cette solitude. Mais