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en nubie, etc.


cette société savaient si bien adresser aux femmes. Cependant j’avoue que mon courage me quitta un peu vers la nuit.

Notre domestique Irlandais avait pris du service chez un voyageur qui allait retourner en Angleterre ; celui-ci fut assez bon de lui permettre de venir me garder jusqu’à notre départ. Dès lors je n’avais plus rien à craindre. Quant au pauvre conducteur qui m’accompagnait, je n’aurais jamais exigé de lui assez de courage pour répondre aux gardes qui faisaient la ronde. Le lendemain, quelque temps avant l’aube, je montai sur ma mule, puisque tous les pélerins étaient en mouvement, pour se rendre au Jourdain. Il est impossible de décrire la confusion de cette marche. Des chameaux, des chevaux, des mules, des ânes, tout était pêle-mêle ; des femmes et des enfans poussant des cris aigus étaient suspendus dans des paniers sur les flancs des chameaux. Je risquai à chaque instant d’être renversée de ma monture par ces animaux chargés. Tout ce que mon conducteur pouvait faire, c’était de pousser la mule sans savoir où elle allait ; quelquefois nous étions dans une obscurité complète ; d’autres fois la lueur des pots à feu nous montrait la confusion de la caravane ; les gardes nègres galoppaient autour des groupes pour nous tenir ensemble.