Grandgoujon s’était levé. On lui serrait les mains. Il se troubla, et il répondit avec une modestie relative :
— J’en viens.
Puis, les des Sablons s’assirent, se calmèrent et ils parurent, d’abord, d’une attention émue ; mais Grandgoujon n’avait pas fait quatre phrases sur son épopée, que déjà Monsieur Punais en avait intercalé trois, d’un débit précipité :
— À propos… toute petite parenthèse : le projet Colomb, pour moi, se réalise d’une façon grandiose ! Mais… continuez, cher ami, c’est si émouvant ! Ah ! que c’est poignant ce que vous contez !
Et il le bénissait d’un regard attendri.
De son côté, d’ailleurs, Grandgoujon ne suivait sa pensée qu’avec effort. Ingénu, il substituait à son histoire celle des soldats d’Amiens : l’attaque, presque tout le monde fauché ; les survivants en larmes. Mais plus que jamais il était fasciné par cette femme qu’il regardait furtivement. Les révélations de Moquerard l’obsédaient : des seins admirables ; un ventre grec… Et il se sentait l’âme tumultueuse. Aussi, c’est sans conviction qu’il évoqua la grande pitié de la guerre, et machinalement que revint et roula sur sa langue le « On se mettrait à genoux devant ! »
— Voilà ! C’est cela ! interrompit Monsieur Punais, qui s’enflamma. Le premier janvier on a distribué du champagne à nos armées ; c’est tous les jours qu’elles en méritent ! Et je suis heureux d’entendre un homme qui les a vues hier, avant