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Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/98

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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

mit à rougir, à rougir jusqu’aux cheveux, si fort que Barbet se détourna à son tour, fort gêné… Ah ! ce James Pipe était un brave cœur, puisque, d’abord, il avait été cruel par métier, par devoir, et puisqu’il s’excusait gentiment, sans chercher des mots superflus, simplement en laissant voir par la panique de son visage qu’il avait une nature charmante et un sang plein de jeunesse.

Ils ne poussèrent pas plus avant la visite du Mont Saint-Quentin ; et, pour changer d’idées, Barbet remarqua :

— D’ici on voyait bien Péronne.

Cette phrase banale permit à James Pipe de répondre vite :

— Mais vous voyez pas ce que le Boche il a fait.

Ils redescendirent à l’aide du petit cordon, toujours attaché à l’arbre, et ensemble ils se dirigèrent vers cette cité qui fut jolie et qui, maintenant, n’est plus que ruines.

Dans sa masse, à un kilomètre, elle semble encore une ville, et le soleil et les nuages ont l’air de faire de la lumière et des ombres sur des maisons ; mais quand on y entre, on n’y voit que des façades sans rien derrière, et des toits sur le sol, car ils ont, d’une seule pièce, glissé jusqu’à