Page:Benoit L Atlantide.djvu/126

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— C’est bon, tu peux te retirer, — fit rageusement le petit homme.

Ferradji gagna la porte à reculons. Sur le seuil, il s’arrêta et dit encore :

— J’ai à te rappeler, sidi, que la table est servie.

— C’est bon, va-t’en.

Et l’homme aux lunettes vertes, s’asseyant devant le bureau, se mit à paperasser fébrilement.

Je ne sais pourquoi, en cet instant, une folle exaspération s’empara de moi. Je marchai vers lui.

— Monsieur, — lui dis-je, — nous ne savons, mon compagnon et moi, ni où nous sommes, ni qui vous êtes. Nous voyons seulement que vous êtes Français, puisque vous portez une des plus estimables distinctions honorifiques de notre pays. Vous avez pu faire, de votre côté, le même raisonnement, — ajoutai-je en désignant le mince ruban rouge que j’avais sur ma veste blanche.

Il me regarda avec une surprise dédaigneuse :

— Eh bien, monsieur ?…

— Eh bien, monsieur, le nègre qui vient de sortir a prononcé un nom, Cegheïr-ben-Cheïkh, le nom d’un brigand, le nom d’un bandit, d’un des assassins du colonel Flatters. Connaissez-vous ce détail, monsieur ?

Le petit homme me dévisagea froidement et haussa les épaules.

— Certes. Mais qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse ?