Page:Benoit L Atlantide.djvu/194

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Maintenant M. Le Mesge et le pasteur s’embrouillaient dans la plus extraordinaire controverse religieuse, se jetant à la tête le Book of commun Prayer, la Déclaration des Droits de l’homme, la Bulle Unigenitus. Petit à petit, l’hetman commençait à prendre sur eux cet ascendant de l’homme du monde qui, même ivre à en pleurer, s’impose de toute la supériorité qu’a l’éducation sur l’instruction.

Le comte Bielowsky avait bien bu cinq fois plus que le professeur et le pasteur. Mais il portait dix fois mieux le vin.

— Laissons là ces ivrognes, — fit-il avec dégoût. — Venez, cher ami. Nos partenaires nous attendent dans la salle de jeu.

— Mesdames et messieurs, — fit l’hetman en y pénétrant, — permettez-moi de vous présenter un nouveau partenaire, mon ami, monsieur le lieutenant de Saint-Avit. — Laisse faire, — murmura-t-il à mon oreille. — Ce sont les serviteurs de la maison… Mais je me donne l’illusion, vois-tu.

Je vis effectivement qu’il était très ivre.

La salle de jeu était étroite et longue. Une vaste table, à ras du sol, entourée de coussins sur lesquels étaient vautrés une douzaine d’indigènes, composait l’essentiel de l’ameublement. Au mur, deux gravures témoignant du plus heureux éclectisme : le Saint Jean-Baptiste, du Vinci, et la Maison des dernières cartouches, d’Alphonse de Neuville.