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De Bensseradde.

Si vous ſouffrez des maux l’injuſte violence,
1330Ceſt plus un trait du ſort qu’un trait de ma vaillance,
„ Le haſard fait toujours le ſuccés des combas,
Ne m’en accuſez point, ny ne m’en louez pas.

Cleopatre.

„ La loüange s’aplique en une telle ſorte
„ Que moins l’on en deſire, & plus on en remporte,
1335„ Elle ſe plaiſt à rendre un modeste confus,
„ Et c’eſt en demander que d’en faire refus.
L’on cognoiſt ta valeur, tes ennemis l’avoüent,
Mon infortune en parle, & tes effets te loüent ;
Oui, Ceſar, je conſacre un Temple à ta vertu
1340Sur le triſte debris de mon thrône abatu,
J’adore le ſujet des maux dont je ſoûpire,
Et je donne un autel à qui m’oſte un Empire :
Pardon ſi j’ay failly voulant parer tes coups,
Venans d’un tel vainqueur ils devoient m’eſtre dous :
1345Ton mérite à nos yeux s’eſt fait aſsez paroiſtre,
Antoine comme moy le devoit recognoiſtre,
Il devoit ſeconder tes deſseins genereux,
Mais quoy s’il fut coupable, il eſtoit amoureux.

Cesar.

Excuſez ſi mes faits vous ont coûté des larmes,