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Page:Benserade - Poésies, éd. Uzanne, 1875.djvu/102

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STANCES, SONNETS, ÉPIGRAMMES.


Vôtre âme qui n’est pas de la trempe commune,
Et dont les mouvemens sont sublimes et droits,
Fait aussi peu de cas du vent de la Fortune
Que des soupirs des rois.

L’endroit le plus sensible, où la douleur vous presse,
Et qui peut ébranler un courage constant,
Est de n’être plus bien auprés d’une maîtresse,
Qui vous chérissoit tant.

Que ne peut contre vous dire la Renommée ?
La reine a toujours eu des sentimens si doux,
Elle a tant de bonté, vous a tant estimée ;
Et ne veut plus de vous.

Son procédé n’a rien que de saint, que d’auguste ;
Un sujet sans raison n’en est pas assailly ;
Les rois n’ont jamais tort, et leur colère est juste,
Quoiqu’on n’ait pas failly.

Encore que sur vous sa main s’appesantisse,
Portez avec respect ses vénérables coups,
Et demeurez d’accord qu’elle a de la justice,
Puisqu’elle a du courroux.