Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/195

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souriait avec une modestie charmante), nous autres infidèles nous avons l’habitude de vous regarder comme nos meilleurs amis. L’État ignore absolument toute pitié : mais l’Église est toujours à la fois raisonnable et compatissante. Et comme il est à craindre que les gouvernements catholiques usent de représailles, et que, cependant, il faut bien que les pauvres socialistes vivent quelque part, j’avais pensé que…

— Mais, mon cher monsieur, reprit monsignor, je crois que vous allez trop vite dans vos présomptions. Est-ce que l’empereur aurait vraiment manifesté quelque signe annonçant cette mesure dont vous parlez ?

Au moment où il achevait ces mots, il entendit un bruit soudain qui arrivait parla fenêtre ouverte donnant sur l’avenue Ambrosden.

— Qu’est-ce que c’est ? s’écria vivement l’avocat, en se relevant de sa chaise.

Le bruit ne venait pas de l’avenue, mais des rues d’alentour : c’était une rumeur de voix excitées et furieuses.

— Venez par ici, dit le prélat, nous pourrons mieux voir du corridor !

Quelques minutes avaient suffi pour transformer entièrement l’aspect de la rue. A mi-chemin entre l’endroit où ils se tenaient et le carrefour où se dressait la tour électrique, une foule bruyante s’amassait avec une rapidité singulière. De la gauche, un flot incessant jaillissait ; d’innombrables figures