Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/25

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décidément, était celui d’un prélat domestique. Il se recoiffa de sa barrette.

Puis il referma les yeux., et s’efforça de réfléchir : mais il avait beau faire, impossible de se souvenir de rien ! Nulle part il n’apercevait le moindre lien de continuité. Soudain il songea que, puisqu’il savait que sa tenue était celle d’un prélat domestique, et puisqu’il était en état de reconnaître un franciscain, c’était donc qu’il devait avoir vu de telles choses auparavant. Mais où ? Quand ?

De petites images commencèrent à se former devant lui, résultant de son grand effort mental : mais elles étaient petites et lointaines, comme des figures aperçues par le mauvais bout d’une lorgnette ; et puis elles n’apportaient aucune explication. Cependant, à force de concentrer sur elles toute sa pensée, il se rappela que lui-même, jadis, avait été un prêtre catholique : distinctement, il se souvint d’avoir dit la messe. Mais aucun moyen de savoir où, ni en quel temps. Son nom même, aucun moyen de se le rappeler !

Cette dernière constatation le fit frémir. Il ne savait pas qui il était ! Il ouvrit d’énormes yeux effrayés, et rencontra les yeux d’un vieux prêtre en surplis qui était en train de le considérer par-dessus son épaule. Et sans doute quelque chose, dans son visage angoissé, devait avoir frappé ce vieillard : car voici qu’il se détacha du groupe où il se tenait, gravit rapidement les deux marches, et accourut près de lui.