Page:Benson - La nouvelle aurore, 1915.djvu/45

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l’usage de toutes les choses qui s’y trouvaient, malgré la forme bizarre d’un bon nombre d’entre elles : mais il n’y avait aucune de ces choses qu’il eût conscience d’avoir connues, employées, précédemment.

Il revint vers son bureau et s’assit, désespéré. Il prit un ou deux livres qu’il voyait là, des calendriers et recueils d’adresses. Dans chacun de ces livres, son nom se trouvait dûment inscrit. Il relut la lettre commencée, sur son buvard : impossible même de deviner comment aurait dû finir la phrase interrompue de la troisième page !

Toujours encore, cependant, il s’efforçait d’extraire du fond de sa conscience quelque chose dont il pût se souvenir, — fermant les yeux et enfonçant la tête dans ses mains. Mais rien ne surgissait devant lui que des images fragmentaires et fugitives. Tantôt c’était un visage sur lequel il ne pouvait mettre aucun nom, tantôt une pensée ou une phrase qui ne s’entourait d’aucun contexte. Nul cadre à tout cela, nul plan unique réunissant l’un à l’autre ces fragments de souvenirs. C’était comme s’il avait eu devant soi des milliers de petits morceaux d’un vase brisé, dont il ne parvenait pas même à deviner la forme…

Puis une pensée soudaine le frappa. Il se releva en sursaut, et courut dans sa chambre à coucher. Un haut miroir pendait là, entre les fenêtres. Il se dirigea vers lui, et regarda curieusement le reflet de sa propre figure. Oui, sans aucun doute, c’était