Page:Bentham - Déontologie, ou science de la morale, tome 1.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
19
SCIENCE DE LA MORALE.

dans l’intérêt d’un homme, ce serait peine perdue que d’essayer de lui prouver que cette action, cette ligne de conduite, sont dans son devoir. Et cependant c’est ainsi qu’ont procédé jusqu’à présent les prédicateurs de morale. « Il est de votre devoir de faire cela. Votre devoir est de vous abstenir de ceci ; » et l’on avouera que de cette manière, la tâche du moraliste n’est pas difficile. Mais pourquoi est-ce mon devoir ? Voici quelle sera à peu près la réponse à cette question « Parce que je vous l’ai ordonné, parce que c’est mon opinion, ma volonté. — Oui, mais si je ne me conforme pas a votre volonté ? – Oh dans ce cas, vous aurez grand tort ; ce qui veut dire : Je désapprouverai votre conduite. » Il est certain que tout homme agit en vue de son propre intérêt ; ce n’est pas qu’il voie toujours son intérêt là où il est véritablement ; car, par là, il obtiendrait la plus grande somme de bien-être possible ; et si chaque homme, agissant avec connaissance de cause dans son intérêt individuel, obtenait la plus grande somme de bonheur possible, alors l’humanité arriverait à la suprême félicité, et le but de toute morale, le bonheur universel serait atteint. La tâche du moraliste éclairé est de démontrer qu’un acte immoral est un faux calcul de l’intérêt personnel, et que