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SCIENCE DE LA MORALE. 61

Quelqu’un a-t-il vu un corps goûter le plaisir quand l'âme s’en était séparée ?

Et puis, la durée des plaisirs corporels est courte, dit-on. Fort bien. Et après ? Prenez chacun d’eux séparément, c’est peu de chose. Eh bien, qu’allez-vous en conclure ? Tirez de votre poche une pièce d’or, changez-la contre des francs et des centimes. Qui vaut le plus, de la pièce d’or ou de la monnaie ? Qui pèse le plus, d’une livre de plomb ou d’une livre de plume ? Quand vous aurez répondu à ces questions, on vous dira, si vous voulez, si dans l’objection relative à la durée il y a autre chose que des mots.

On dit encore : le souvenir des plaisirs corporels est désagréable et nous fait rougir. Que le souvenir des plaisirs goûtés illégitimement soit désagréable si l’on veut, cela ôte-t-il de leur prix aux plaisirs légitimes ? Que ceux-là qui ont été achetés avec une balance de peines nous rendent honteux, il ne sera pas nécessaire de rougir de ceux qui ont laissé une balance de plaisir.

Tous ces poursuivans du souverain bien ont leurs noms respectifs. Il eu est trois espèces néanmoins qui n’ont point de noms. Les uns et les autres sont dans l’erreur. En vérité, tous sont