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PREMIER ACCUEIL.

à Yette. Chacun avait bien assez de ses propres affaires ; d’ailleurs, chacun aussi retrouvait des anus, des proches dont la bienvenue chaleureuse était faite pour inspirer à celle qui n’était attendue par personne de lugubres réflexions.

Yette regardait ces gens se jeter dans les bras les uns des autres, avec un sentiment que comprit tout de suite la bonne da, car l’amour peut tenir lieu d’esprit, et la pénétration de cette humble créature était grande quand il s’agissait des chagrins de sa petite maîtresse.

« Un jour, dit-elle, vous retrouverez vos parents et votre pays, vous aussi, et vous serez contente ! »

Cette radieuse perspective suffit à sécher les yeux de Yette, mais presque aussitôt ils se mouillèrent de plus belle ; le jour promis par la da lui semblait si éloigné ! Elle craignait de ne pouvoir jamais y atteindre ! Le capitaine la conduisit lui-même au chemin de fer et l’installa dans un wagon. Elle s’imaginait qu’il allait prendre la direction du train comme il avait eu celle du Cyclone, qu’il serait son capitaine partout et à toujours. Lorsqu’il lui dit adieu, elle ne put retenir un cri de désappointement. — Rien de ce qui est bon ne dure donc en ce monde ? — Tel était évi-

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