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LE PENSIONNAT.

la Martinique, cette femme, qui ne pourrait que détruire ce que nous entreprenons à grand’peine de réaliser, dans l’intérêt de l’enfant dont nous avons à faire l’éducation ; sa soumission aveugle, ses gâteries maladroites réveilleraient les colères et les regrets qu’il s’agit de modérer. »

Ayant mis cet ordre rigoureux sous enveloppe, la directrice sonna et lit demander Mlle Agnès. Mlle Agnès était une jeune fille blonde, un peu boiteuse, dont la douce physionomie aurait plu certainement à Yette, si elle n’eût pas été celle d’une sous-maîtresse.

« Allez délivrer la petite rebelle, dit la directrice ; ma vue l’exaspérerait encore, et l’essentiel, pour le moment, c’est qu’elle consente à se mettre au lit. »

Mlle Agnès, sans répondre, se dirigea vers la prison de Yette ; comme elle en touchait la clef, Mlle Aubry la rappela :

« Les élèves sont couchées ?

— Oui, madame.

— Très bien. Mieux vaut que son entrée au dortoir ne fasse pas sensation. La pauvre enfant aura bien assez des épreuves qui l’attendent et que vous lui allégerez le plus possible, entendez-vous ? »