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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

sence d’une si grande fille dans la petite classe. Son teint mat, ses traits peu réguliers mais expressifs ne présentaient d’ailleurs aucun caractère extraordinaire, et les curieuses qui s’étaient bercées de si étranges illusions lui en voulurent d’abord de ressembler à peu près à tout le monde. Un mot de Mlle Agnès rétablit le silence et l’ordre ; elle pria la nouvelle élève de s’asseoir à l’extrémité d’un des bancs et reprit sa leçon. Cette leçon était, on peut le croire, absolument inintelligible pour Yette. Il s’agissait de participes, dont elle ne se souciait guère, ne les ayant jamais rencontrés nulle part ; aussi, après avoir regardé à la dérobée chacune des figures qui l’entouraient et qui lui parurent avoir toutes la même physionomie moqueuse, très déconcertante, commença-t-elle à s’ennuyer beaucoup. Jamais elle n’avait su se tenir tranquille longtemps. Elle commença par se démener sur son banc ; les élèves échangeaient des coups de coude significatifs ; puis elle se leva pour aller regarder de près la mappemonde et le tableau noir, et alors un bruyant éclat de rire força Mlle Agnès d’interrompre sa démonstration. Mlle Agnès avait fait semblant, jusque-là, de ne rien voir ; mais, jugeant enfin que les incartades de Yette trou-