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LA CLASSE ET LA RÉCRÉATION.

mité opposée du banc et assidûment courbée sur son pupitre, tandis que ses voisines pensaient à toute autre chose qu’à leur leçon. Les enfants, pris séparément, ne sont pas méchants pour la plupart ; mais, réunis, ils sont trop disposés à prendre le mot d’ordre d’un groupe de meneurs gais et amusants, presque toujours populaires par conséquent, bien que leur turbulence ne soit pas inoffensive. Il en est ainsi dans les pensions de jeunes filles et dans les collèges de garçons ; heureusement le groupe des plus sages et des plus studieux a aussi son autorité qui finit par prévaloir, mais peu à peu, avec le temps, au lieu que la malice des « mauvaises pièces » se fait jour et éclate tout de suite. Les « mauvaises pièces » du pensionnat Aubry étaient la fille d’un riche agent de change, Mlle Raymond, et Mlle Hélène de Clairfeu. Toutes deux devaient à leurs façons délibérées, autant qu’à l’habitude de dire tout ce qui leur passait par la tête, une fausse réputation d’esprit. Un noyau de péronnelles s’étudiait à les imiter. Jusqu’à l’arrivée de Yette, qui allait la remplacer dans ce rôle peu enviable, Héloïse Pichu avait été leur souffre-douleur, à cause de son nom, de sa figure et de ce qu’on appelait son idiotisme. Elle était plus chétive encore que laide ; ses yeux bleu-faïence démesurément

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