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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

curé, quand on n’est pas sage, ne peut pas être plus terrible qu’une pension, et le diable doit ressembler à Mlle Aubry. »

Héloïse, dont les larmes avaient inondé le papier comme pour rendre ses pattes de mouches plus illisibles encore, tant qu’avaient duré les touchantes supplications de Yette, partit d’un brusque éclat de rire sur ce trait qui lui représentait le diable en bonnet à rubans.

« Il est impossible, dit-elle, que tes parents, quand ils auront lu cela, ne te fassent pas revenir ; les miens m’auraient reprise peut-être, si j’avais su trouver les mots qui te viennent tout naturellement. Mais… » Sans achever sa phrase, la pauvre Héloïse poussa un gros soupir.

« Sois tranquille ! s’écria Yette avec chaleur, quand je serai hors d’ici, je te délivrerai, et, si tu veux, tiens !… je t’emmène à la Martinique.

— Oh non ! Je ne demande qu’à rester au faubourg Montmartre, dans notre magasin, répondit la petite épicière. Il y a de si bon sucre candi !

— Oui, dans des caisses, mais le sucre pousse chez nous, » riposta la fille du planteur avec orgueil.

Et Mlle Héloïse Pichu joignit les mains, comme