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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

personne qu’avec cette noiraude, tandis que Cora est fière comme il convient à une jeune fille distinguée.

— Qu’appelez-vous distinguée ? dit M. Darcey.

— Enfin, mon ami, vous ne pouvez nier que cette petite n’ait les goûts d’une princesse comme elle en a la beauté. Une robe de toile parait élégante sur elle, et elle porte avec aisance la plus belle toilette… elle danse comme une fée. Vous la verrez dans le monde un peu plus tard, elle y fera sensation !

— Combien de fois, répliqua M. Darcey, serai-je obligé de vous dire que vous avez tort de lui inspirer l’amour des chiffons, dont elle sera forcée de se priver par la suite ? C’est un mauvais service à rendre aux filles pauvres que de les parer comme des poupées.

— Mais on ne peut dire à une enfant qu’elle est pauvre, cela serait cruel !

— Il est bien plus cruel de lui laisser croire qu’elle est riche quand la vie doit la détromper.

— Bah ! ce sont toujours quelques bonnes années de gagnées pour la chère mignonne ! D’ailleurs, la vie ne sera pas aussi sévère à son égard que vous paraissez le prévoir. Je gage qu’elle fera un beau mariage.