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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

printemps les gouttes de pluie dans un rayon de soleil.

« Je ne suis pas votre dupe, méchante, dit-elle ; mais je veux bien faire semblant de vous croire et vous permettre de nous obliger. »

Elle embrassa coup sur coup Polymnie, tandis que M. Darcey répétait à sa fille :

« Je suis content de toi, ma chérie, très content…

— C’est la première fois que vous me dites cela, papa ! s’écria Mlle Polymnie, d’un ton où le reproche se mêlait à la joie, et je le dois à Yette.

— Nous lui devons, je crois, beaucoup, » dit soudain Mme Darcey en passant une main un peu tremblante sur les tresses brunes de la jeune fille.

Elle lui devait pour sa part d’avoir appris ce que c’est qu’un devoir rigoureux simplement et gaiement accompli ; elle lui devait la première réflexion sérieuse qui fût entrée dans son esprit léger. Il y a des circonstances, l’Évangile nous l’apprend, où les grandes personnes peuvent aller avec fruit à l’école même des enfants. L’enseignement que Yette répandit sans le savoir, par son seul exemple, dans cette maison, ne fut point perdu.