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LES RÊVES DE YETTE.

bravement à subvenir elle-même aux frais de l’éducation de Cora, elle avait voulu remettre à Mlle Aubry le prix habituel des leçons de piano ; mais Mlle Aubry avait répondu que M. Mayer demandait comme une faveur que ses leçons fussent gratuites.

« Auriez-vous, en perdant tous vos défauts d’enfant, gardé dans un coin l’orgueil ? ajouta la directrice, qui avait remarqué la subite rougeur de Yette et son geste de refus.

— J’espère n’être plus que fière, répondit la jeune fille, mais je ne peux oublier que le temps de M. Mayer vaut de l’argent. Rappelez-vous la leçon que vous m’avez donnée quand j’ai voulu continuer à faire travailler Héloïse sans rétribution.

— Ma chère enfant, les circonstances ne sont pas les mêmes ; M. Mayer, très connu déjà et recherché partout, est assez riche pour pouvoir sans inconvénient s’accorder la joie de former gratuitement une élève dont il attend beaucoup. Les succès futurs de Cora le dédommageront, croyez-moi. Il agit comme vous agiriez à sa place. En refusant, vous blesseriez un homme qui n’a que de bonnes intentions.

— Cela prouve que M. Mayer fait grand cas de

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