pois d’Angole[1], les patates[2], les herbes contre la fièvre, le mal de tête, le mal d’estomac, le thiacs[3] des petits poulets, les piqûres de serpents, etc… Sur tout cela courent des potirons et des concombres qui étouffent le reste. Elle élève une poule, et, en m’apercevant, m’a offert un de ses œufs, comme les nègres de la campagne ne manquent jamais de le faire aux personnes qui entrent chez eux pour la première fois. Elle a aussi un chien et un petit chat et cause avec eux, les pieds dans les cendres de son foyer, jusqu’à une heure assez avancée de la nuit. Quand il fait beau clair de lune, c’est assise sur le pas de sa porte qu’elle parle à ses deux amis. Dame Gardée raconte avec une étonnante lucidité tous les faits qui remontent loin dans le passé. Papa lui ayant demandé si elle se souvenait du général de Rochambeau : « Parbleu ! dit-elle, mais c’est l’autre jour, ça ! » En revanche, elle a perdu la mé-
- ↑ Plante qui rampe quand elle ne grimpe pas, et qui produit des gousses remplies de fruit très savoureux.
- ↑ Excellente racine qui, cuit, a un goût presque semblable à celui de la châtaigne bouillie. Aux îles, on mange des patates comme ailleurs des pommes de terre
- ↑ Maladie.
neuse au point de la faire filer. Il entre dans la composition du calalon.