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LE BAL.

un grain de bienveillance, sans pouvoir toutefois s’abstenir absolument de quelques observations.

« Six sandwiches coup sur coup, Mlle Mathilde ! c’est trop pour votre estomac et pour les bonnes façons. Est-ce ainsi que vous comptez vous bourrer dans le monde lorsque Mme votre mère vous y conduira ?

« Si vous continuez de rire aussi haut, mademoiselle Blanche, je serai forcée de vous envoyer coucher.

« Allons, ne restez pas près de cette fenêtre ouverte, mademoiselle Advienne, vous avez trop chaud !… Croyez-en mon expérience. Les vieilles personnes savent comment se prennent les rhumatismes !

« Moins de vigueur en polkant, Mlle Camille, vous mettez toutes vos danseuses en nage ! »

Cette dernière recommandation de Mlle Aubry suffit à indiquer, je crois, que ces demoiselles dansaient entre elles le plus souvent ; il n’y avait en fait de cavaliers masculins que quelques professeurs ; mais le maître de dessin était trop vieux pour danser, le maître d’écriture avait la goutte ; restait le maître d’allemand, un réfugié polonais dont la grande barbe et la physionomie terrible