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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

se mordent, puis reculent jusqu’à la palissade et posent les deux coqs à terre. Les coqs s’approchent l’un de l’autre en s’observant, puis ils se mettent à piétiner en traînant de l’aile, à carrer, comme on dit, et celui qui a le malheur de carrer à portée de son adversaire est sûr de recevoir le premier coup. Alors l’adversaire bondit sur lui avant qu’il ait eu le temps de se mettre en défense, et il faut les voir se rapprocher, le cou tendu en baissant la tête, et s’élancer souvent en même temps, et renverser leur patte…

— Mais, à la fin ?… demanda Yette.

— Oh ! à la fin, cela dépend ! Quand le coq le moins fort ne se relève plus à l’approche de l’autre, on arrête le combat, car, autrement, aucun coq guemme ne sortirait vivant du pit. Ces braves bêtes ne demandent jamais grâce. Viens seulement chez nous, tu verras Jobinette, c’est un fameux ! »

Et, en effet, le premier soin de Yette, en arrivant chez les Desroseaux, fut de demander à voir Jobinette.

M. Desroseaux qui, tout propriétaire de coqs guemme qu’il fût, était un homme charmant, conduisit lui-même la petite fille jusqu’aux boxes,