Page:Bentzon - Yette, histoire d'une jeune créole, 1880.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

65
COMBATS DE COQS.

tenant pourquoi il faisait battre les anolis et les pères-noirs. S’il est méchant, ce n’est pas tout à fait de sa faute.

— Je ne connais personne ici, nègre ou blanc, qui ne raffole des combats de coqs, dit M. Desroseaux. Chez quelques-uns, cette passion devient une monomanie. Vous avez rencontré La Falaise, mon vieux voisin ? poursuivit-il en s’adressant à M. de Lorme. Eh bien ! il ne quitte pas le pit, et le goût du jeu, des paris, du gain en un mot, n’y est pour rien. C’est un amateur désintéressé. Le regarder pendant le combat est presque aussi amusant que le combat lui-même. Il gesticule comme un possédé, il applaudit les beaux coups, de quelque part qu’ils viennent. L’un des coqs est-il blessé à l’aile, il agite ses bras avec des grimaces ; est-ce à la patte, il lève la jambe comme si c’était lui qui eût été frappé. Mon Quimboi ayant reçu un jour certaine blessure à la tête, qui lui fit jeter les hauts cris, ce pauvre La Falaise secouait son toupet avec fureur, portait la main à son oreille et poussait des aïe ! aïe ! désespérés. »

Les deux enfants éclatèrent de rire à la fois. M. Desroseaux avait réussi à dissiper l’émotion de Yette.

9