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L’AJOUPA DE MAX.

écoutait dans un religieux silence, un endroit ainsi nommé à cause des palmiers gigantesques qui se trouvaient placés à droite et à gauche du chemin. Ces arbres sont morts depuis plusieurs années. Là, se trouve l’embranchement de la route qui conduit à la Trinité ; une petite case sert d’abri momentané aux passants, car il ne faut pas songer à faire halte en plein air. On est arrivé sur l’arête de la chaîne de montagnes qui traverse file, du nord au sud, et un piton, un sommet dont la tête retient les nuages en ce lieu, y fait tomber une pluie continuelle.

— Et là, vous avez pris un tiembé cœur (morceau sur le pouce), interrompit Max, avant de vous mettre à la recherche des palmistes. Mon oncle en a coupé un lui-même, Yette !

— Oui, dit M. Desroseaux, nos nègres nous aidant avec leurs coutelas, nous nous étions frayé un chemin au milieu d’une véritable pépinière de palmistes de différentes espèces. Nous avons abattu trois arbres ayant de quarante à cinquante pieds. Le dernier, trop entouré d’arbres, ne tombait pas ; il fallut le couper sept fois pour amener à terre. Nous en avions assez ensuite, et ne nous sommes plus attaqués qu’à de petits palmistes, commençant seulement à montrer leur

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