Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/112

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          Lors ce fut la première fois
pour le jeune champion, qu’il dut faire assaut
de combat auprès de son franc seigneur ;
son esprit ne défaillit pas[1], et le legs de [son] parent
ne fléchit pas à la guerre ; cela, le reptile le trouva
2630 après que les trois furent aux prises[2].
Wiglaf parla en beaucoup de paroles justes,
il dit à [ses] compagnons (son esprit était triste) :
« Je me rappelle le moment où nous prenions notre part d’hydromel,
quand nous promîmes à notre seigneur nourricier
dans la salle de bière, à lui qui nous donna ces anneaux,
que nous lui revaudrions les équipements de combat,
les heaumes et la dure épée, si pareille nécessité
survenait pour lui. Aussi[3] il nous a choisis dans
l’armée par sa propre volonté pour cette expédition,
2640 il nous a rappelé les actions d’éclat, et m’a donné ces
objets précieux[4], vu qu’il nous estimait excellents
guerriers à javelot, des porteurs de heaume actifs, quoique
le seigneur nourricier pensât accomplir seul pour nous
cet exploit courageux, lui berger du peuple,
parce que de [tous] les hommes il a accompli le plus
d’actions d’éclat, de faits téméraires. Ores le jour est venu
où notre seigneur lige a besoin de la puissance
d’excellents guerriers combattants ; rendons-nous près de [lui]
pour aider le chef de bataille tandis que la chaleur est [sur lui],
2650 la cruelle terreur des tisons enflammés. De moi Dieu sait
qu’il m’est grandement préférable que les tisons consument
mon enveloppe corporelle avec mon dispensateur d’or.
Il ne me semble pas convenable que nous rapportions [nos] écus
à [notre] résidence à moins de pouvoir auparavant
abattre [notre] antagoniste [et] défendre l’existence
du souverain des Weders. Je sais fort bien que
[tels] n’étaient pas [ses] anciens mérites[5] qu’il dût seul
de [toute] l’élite des Géates souffrir l’affliction,
s’effondrer à l’attaque ; nous aurons tous deux en commun
2660 épée et heaume, cotte de mailles et bouclier protecteur[6].

  1. Mot à mot : son esprit d’humeur ne fondit pas.
  2. Mot à mot : qu’ils furent allés ensemble.
  3. D’autres traduisent : «Celui qui… »
  4. Bugge lit : ond meda gehet, et m’a promis des récompenses.
  5. Earle traduit : « les vieux usages du service… »
  6. Bugge ajoute au texte bealdra forgulden « ils revalaient au prince » et lit byrda scrad « un superbe costume » au lieu de « bouclier protecteur ».