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LE COMBAT DE FINNSBURG


Le Combat de Finnsburg


    « Ce ne sont jamais des pignons qui brûlent. »
Lors le roi jeune au combat s’écria :
« Ce n’est pas ici l’aurore qui point de l’est, ici nul dragon ne vole,
ni les pignons de cette grande salle-ci ne brûlent,
mais le sanglier[1] va de l’avant, les oiseaux chantent,
le loup vêtu de gris pousse un hurlement, le bois du combat retentit,
le bouclier répond au javelot. Ores brille la lune
errant sous les nuages ; ores surgissent des crimes
qui veulent causer ce triste péril au peuple.
10 Mais ores réveillez-vous, mes guerriers,
saisissez vos écus en tilleul[2], songez à l’action d’éclat,
luttez[3] au premier rang, soyez courageux. »
    Lors se leva maint vassal orné d’or, il ceignit son épée.
Lors allèrent vers la porte de vaillants champions,
Sigeferth et Eaha, ils tirèrent leurs épées,
et aux autres portes Ordlaf et Guthlaf,
et Hengest vint en hâte après eux.
Lors encore Garulf insista près de Guthere
afin qu’il n’exposât pas sa vie noble pour la première fois,
20 qu’il ne portât pas son armure à la porte de la grande salle,
ores que le brave au combat voudrait la lui enlever.
Mais il demanda à travers tout l’intervalle hautement,
héros intrépide, qui lors tenait la porte.
« J’ai nom Sigeferth », répondit-il, « je suis chef des Secgas,
étranger connu au loin. J’ai enduré bien des maux,
de dures luttes ; à toi, il t’est encore ici préparé
l’un ou l’autre sort que toi-même, tu veux me procurer. »
    Lors il y eut près du mur[4] un fracas de massacre,
le bouclier rond aux mains des hardis dut voler en éclats,
30 le protecteur des os. Le plancher du château gémit
jusqu’à ce qu’en ce combat Garulf s’écroula,
lui le premier d’entre tous les habitants de cette terre,
fils de Guthlaf, et autour de lui maints vaillants.

  1. Ou en lisant her au lieu de fer : « Ici ils vont de l’avant ».
  2. Ou si l’on lit handa au lieu de linda : « levez vos mains ».
  3. Ou si l’on lit windath au lieu de winnath : « brandissez ».
  4. En lisant wealle pour l’allitération au lieu de healle : « dans la grande salle ».